
LA COMPAGNIE RÊVERII

NOTE D'INTENTION
Un cimetière. Des galets. Des feuilles mortes couleurs d’or. Une petite dune de terre noire. Les restes d’une averse. Deux parapluies. Fleuris. Deux étincelles sous la pluie.
Le texte d’Arnaud Boviere, d’une simplicité rare, se doit d’être porté à la scène avec toute la douceur et la beauté qui le caractérisent. Ce cimetière, cette cité des défunts, ne sera pas un lieu mort. Il sera ramené à la vie pas la présence lumineuse de Dan’ et Val’. Deux âmes perdues qui n’en forment qu’une seule. Deux âmes « confuses » liées par un unique besoin : le besoin de se souvenir. Se souvenir malgré la peur, la peur d’un regret, la peur de ce que cela implique. Nous traversons toutes et tous au cours de notre vie divers deuils. Chacun d’entre eux dépose en notre cœur sa marque, nous transforme, et nous laisse entrevoir, au moins quelques temps, la vie telle qu’elle est réellement : infiniment précieuse. Et belle. Et c’est cette beauté qui importe, finalement. Dan’ et Val’ l’incarneront sur scène. Car Dan’ et Val’, au delà d’être en deuil, et animés par la douleur, la peur et le regret, se trouvent être tout simplement humains. Comme nous. Ils incarnent en fin de compte nos cœurs, nos doutes, nos faiblesses et nos forces de vivants, nos sourires. Car nous parlons bien de force, et c’est cette force, d’une belle simplicité, ce besoin de l’entrevoir et de la connaître, qui les anime, et nous avec.
Et pour ce faire, pas besoin de décors. L’imagerie populaire des cimetières tels que nous les connaissons n’a pas besoin d’être représentée, car suffisamment forte et présente dans nos esprits. Seuls importent Dan’ et Val’, et leur couleur naturelle, le reflet de nos propres couleurs. Ils ne seront accompagnés que par de simples galets, de petites feuilles mortes, de la terre noire, et l’ombre d’un arbre mort qui veille sur eux. Leur deuxième accompagnement sera sonore. Une pluie. Peut-être même une averse. Pendant quelques instants. Enfin, les notes d’un piano, celui de Bérengère Jullian, doux, mélodieux, poétique. Parfois présent, comme un cri. Parfois à peine audible, comme l’écho d’un souvenir, ou comme la voix lointaine, très lointaine, d’un mort. Qui chuchote.
Un voyage sensoriel. C’est ça. Cette pièce se doit d’être un voyage sensoriel, à la fois visuel, auditif et émotionnel. Et doux. Comme une fleur.
Isabelle Hurtin