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   TÉMOIGNAGES 

  

 

  

    « Les Kids de Kevin Chemla. 

     Ces Kids là ne sont pas de Sarajevo. Ils n'ont pas vécu la guerre. Ils ont entre trois et cinq ans lorsque Sarajevo se retrouve assiégée. Ils n'ont sans doute même pas vu les informations de l'époque au journal télévisé. Pourtant, lorsque je me suis installée à l'espace Icare pour assister à la représentation, je me suis trouvée précipitée dans la ville que j'ai bien connue lors de ce siège, à 1h30 d'avion de chez nous, au cœur de l'Europe. J'ai été, je suis encore, bouleversée par ce spectacle, par l'extraordinaire travail des corps, qui nous ramènent à nos adolescences respectives avant de nous confronter à la réalité de la guerre.

     Comment ces sept jeunes comédiens, Camille, Fanny, Lucie, Robin, Lorenzo, Wilhem, Thomas, se sont-ils imprégnés d'une douleur toute étrangère, de cette incompréhension qui submerge l'esprit lorsque les univers basculent, que la mort frappe et frappe, indifférente à tout ce qu'elle arrête ?

       Kevin Chemla, leur metteur en scène, qui joue aussi avec eux, y est certainement pour beaucoup. Il a su les emmener sur la voie d'un théâtre difficile, exigeant, sans concessions et pourtant humble. Et chacun d'entre eux est devenu le porte parole bouleversant de tous ceux qui n'ont pas pu dire.

     La pièce de Melquiot est sans complaisance mais pourrait devenir un triste pathos sans espérance s'il n'y avait ces corps jeunes, pleins de vie, qui surgissent, jaillissent, bondissent et refusent de s'incliner, même devant l'arrêt suprême. S'ils doivent être pris par la faucheuse, ce sera en plein élan. 

       En ces temps troublés où la guerre est partout, où elle frappe nos quotidiens, tout le monde devrait voir ces Kids là, tous les jeunes bien sûr, collégiens, lycéens mais aussi tous les plus âgés qui désespèrent ne pas voir venir la relève. 

     Ces Kids là sont un hymne à une jeunesse présente, vivante, débordante de talent et de créativité, cocktail vitaminé allié cependant à une réflexion profonde et à un état de conscience du « rôle actif de l'acteur » qui redonne au Théâtre sa raison d'être : réunir par delà les différences et abattre les murs de l'ignorance. 

        Accueillir cette pièce est une urgence. »

 

Zarina Khan,

Auteur dramatique et philosophe, initiatrice du mouvement Théâtre et Liberté dans la guerre.

Site officiel : http://zarinakhan.org

" Kids montre une bande d’ados organiser leur survie, pas loin du pont de Vrbanja à Sarajevo, lieu d’une bataille historique entre forces des Nations unies et soldats serbes en 1995. Sur la scène, quelques objets hétéroclites, une malle ici, un baril par-là, un tambour, quelques vieilles hardes figurent un campement de fortune. Pas la bonne, la mauvaise. Au sein des Kids, il y a la colère, la peur, la violence nécessaire pour l’exorciser, mais aussi cet instinct grégaire qui incite à la solidarité pour affronter le danger. Et pour rêver ensemble. Les Kids se racontent, leur enfance brisée, la mort de leurs parents, les fantasmes d’une autre vie, ailleurs en Europe. On partage un quignon de pain, une cigarette, un bâton de rouge à lèvres volé, des secrets et une immense envie de vivre. Le temps bascule entre présent et passé, avant et après le siège de la ville, le travail de mise en scène restitue cette multi-temporalité. La musique, les jeux, les chants et les danses des Kids, proches de la transe, déploient les corps comme une bannière pour célébrer la plus vieille de toutes les guerres, celle de la vie contre la mort.
Champ de ruines, certes, mais aussi chant d’amour, ce Kids justement interprété par ces jeunes comédiens nous chamboule, nous frappe en plein cœur comme une balle de sniper. C’est un cri qui dissipe les ténèbres et en appelle à la vie. "

Luis Armengol

Sélection du Off

L'Art-Vues

" Cette bande de kids qui joue du djembé au milieu d’un conflit à un côté surréaliste. Les comédiens campent avec justesse ces enfants abandonnés à leur sort. On pense à la tribu des enfants dans Peter Pan. Entre eux, les kids jurent, s’invectivent, le langage parlé est cru.

L’enfant à parfois un regard naïf sur ce qui l’entoure. Melquiot utilise le décalage entre la réalité et la perception qu’en a l’enfant pour ajouter une dimension poétique au texte. Les formulations incorrectes des enfants sont le prétexte formel que l’auteur utilise pour faire résonner les mots de manière poétique.

Le texte est défendu avec coeur et sincérité par la jeune troupe de la Compagnie Reverii. La mise en scène de Kevin Chemla n’utilise pas de décors. Comme pour nous rappeler que ces situations sont toujours autant d’actualité. "

Paul Louédin

Avignon FESTI.TV

« Je finis ma journée par une expérience théâtrale audacieuse avec "Kids" de Fabrice Melquiot au Collège de la salle. Sortis de conservatoire cette équipe de jeunes comédiens menés par une intelligente direction d'acteurs nous transporte dans cet enfer de la guerre vécue à travers le prisme de ces adolescents livrés à eux mêmes au milieu des décombres d'une ville en ruine. Avec peu de moyen mais une force de jeu, ils posent tous cette question de l'avenir de tous ces enfants rendus orphelins par la barbarie des adultes, de la force du rêve et de cette rage de croire à des lendemains meilleurs par la force de la solidarité.
Sans prosélytisme le metteur en scène donne à réfléchir sur notre passivité relative (ou effective) sur le sort de ce qui est l'humanité de demain. La force et la rage de vivre mérite peut être que nos sociétés en paix et en démocratie songent un peu plus à offrir à ceux qui fuient les horreurs de la guerre des lendemains meilleurs. (Bon ça c'est moi qui le dit mais merci quand même pour la piqure de rappel.) »

Jean-Pierre Hané
Metteur en scène, acteur, professeur de théâtre au Conservatoire de Vernon

   Après avoir appris son métier avec Ingmar Bergman, Peter Brook, Andréas Voutsinas, Philippe Adrien, Zarina Khan est auteur (sociétaire adjoint de la SACD) et metteur en scène de 50 créations théâtrales, auteur de 14 scénarios, réalisatrice de 10 films, philosophe, créatrice de la méthode « Ateliers d’écriture et de pratique théâtrale Zarina Khan © » et du réseau national et international de ces ateliers. Elle applique cette méthode dans des situations de conflits (Sarajevo, Beyrouth en guerre) et de tensions (quartiers dits difficiles, jeunes en rupture), ce qui lui vaut en 1995 d’être nommée experte pour la Paix par l’UNESCO, et en 2005 d’être nominée au Prix Nobel de la Paix.

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